3 novembre 2014

Du côté de Snæfellsjökull

Hæ þú, hæ þú og hæ þú lika! (Salut à toi, à toi et puis à toi aussi !)
Hvernig líður þér? (Comment allez-vous ?)

Saperlotte, que le temps passe vite ici haut ! À peine le temps de dire Eyjafjallajökull à l'envers une centaine fois, tout en traversant le lac Mývatn à la nage avec les poings liés que voilà déjà un mois... trois mois... quatre mois  passés depuis mon périple dans la péninsule de Snæfellsnes.

Déjà depuis l'hôtel Hafnafjall de Borgarnes, au creux du petit massif éponyme, à 70 km au nord de la "métropole" de Reykjavik, j'avais projeté et même commencé à narrer pour vous mon excursion de juin dernier dans cette région d'Islande, magnifique entre toutes , et puis... Paf, voilà à présent que la fête d'Halloween s'approche à grands pas !... Ah ben non, elle est passée !


Le glacier Snæfellsjökull - crédits Nicolas Martinez (juin 2014)
Récit-photos plus bas ! 
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Le Snæfellsnes, petit bras de terre de l'ouest de l'île (Vesturlandi), à environ 150 km au nord de Reykjavík, est bien plus qu'une petite chaîne de montagnes parmi tant d'autres en Islande... Car si les autres sommets islandais se situent essentiellement autour du rift de séparation entre le continent américain et le continent européen, qui travers l'île de part en part, ce massif volcanique, le Snæfellsnes, lui, est bien à l'écart et est un supercondensé de l'histoire de l'île. Les plus anciens volcans de la péninsule, dont les éruptions ont très largement contribué à modeler le relief de la région, étaient actifs il y a plus de 15 millions d'années. En effet, à cette époque, le Snæfellsnes était LA zone d'activité de l'île, le rift de séparation continentale se trouvant alors juste en dessous de la zone. Après quelques millions d'années cependant, l'activité a cessé, pour reprendre bien plus récemment, il y a quelques centaines de milliers d'années. Sachant que la dernière éruption date d'environ 200 avant JC. Depuis, une grande partie des volcans qui le composent sont en sommeil mais ne sont pas vraiment éteints ! BOUM !

Volcan, volcan... En parlant de volcan, c'est en particulier l'un d'entre eux, et non des moindres, qui m'a attiré, comme des milliers de randonneurs avant moi : Le Snæfellsjökull (Snæ-fells-jökull : autrement dit le "glacier (jökull) des montagnes (fell) enneigées (snæ)", autrement dit, arrêtez de nous prendre le chou avec le glacier de la montagne-île - Eyjafjallajökull, ca n'a vraiment rien d'un nom sans queue ni tête !...).

Voyage au centre de la Terre (2008)
Quoi ??! Ce nom ne vous dit rien ? Pourtant, jusqu'à 2010 et l'épisode sur-médiatisé de l'éruption du fameux volcan au nom "imprononcable" (Surtout quand on essaye pas trop de comprendre comment ca peut se prononcer à vrai dire), il est resté le sommet le plus célèbre d'Islande (Avec le mont Hekla) ! Et ce, depuis la parution en 1864 d'un grand classique du roman fantastique, qui est l'oeuvre de nul autre que... le meilleur romancier fantistique que la France ai jamais porté, Jules Verne... Vous ne voyez toujours pas ? Et si je vous dis que ce superbe roman n'a pour l'instant eu droit qu'à des adaptations cinématographiques pitoyables, la dernière en date défiant toutes mesures, prouvant par là que la "3D" ne fait pas tout... Et aussi qu'apparemment, il est possible de faire jouer le rôle d'une islandaise nommée Hannah ÁSGEIRSSON ("Fils d'Ásgeir", en Islande, le patronyme de tout Islandais est obtenu en ajoutant -sson (fils de) ou -sdóttir (fille de) à la fin du prénom d'un de ses parents, en général du père) à l'actrice ISLANDAISE Anita Briem, sans que cette dernière ne fasse la moindre réflexion... OUI, c'est ca, Voyage au centre de la Terre donc, un des livres qui je l'espère, ont également bercé votre enfance. 
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Auto-stop en Islande - crédits Nicolas Martinez

Enfin, bref, retournons à nos moutons ! 
En juillet, j'ai décidé de passer un week-end totalement improvisé dans cette région... Je m'y suis rendu à l'aide d'un des moyens de transports les plus pratiques quand on ne possède ni voiture ni cheval, en Islande : l'auto-stop ! Enfin, l'été, à priori, surtout en ce qui concerne la région du sud-ouest de l'île, relativement peu fréquentée. Durant tout mon séjour en Islande, j'ai bien souvent favorisé ce moyen pour me rendre à divers endroits de l'îles, parce qu'en plus d'être très "pratique" lors de petites escapades sur l'île (pas d'horaires, pas de contraintes...), il permet de rencontrer des autochtones, toujours très heureux de discuter avec vous. C'est d'ailleurs dans des voitures filant à travers la nature islandaise extraordinaire, en compagnie d'inconnus de tous les coins du pays, que j'ai eu nombre de discussions passionnantes et enrichissantes, et je leur en suis très reconnaissant !
Ma destination initiale était Ólafsvík, au nord de la péninsule et d'où je pensais faire l'ascention du glacier, puis rejoindre la côte au sud. Aléas de l'auto-stop obligent, j'ai finalement opté pour une première étape au petit village de Grundarfjörður, 872 habitants, à 25 km à l'est d'Ólafsvík, qui s'est révélé être l'un des temps fort de mon petit périple, et aussi de mon séjour entier en Islande ! Ce petit village de pêcheurs, où se sont autrefois établis des pêcheurs français, très nombreux à pêcher au large de l'Islande au XIXe siècle (Et très très nombreux à y périr aussi, le climat chaotique imprévisible ayant causé bien des nauffrages de bâteaux français !), est jumelé avec la ville bretonne de Paimpol, d'où étaient originaires de nombreux pêcheurs. Encerclé par un massif de montagnes, le village est dominé par Kirkjufjell, une montagne pointue, à l'écart du reste des montagnes, ce qui la rend visuellement très spéciale, qu'est-ce que vous en dite ?! :-)
Kirkjufjell, depuis Grundarfjörður - crédits Nicolas Martinez

Très joli, certes, mais très isolé aussi ! Mais c'est sans compter avec l'aide précieuse de la gentille gérante de la guest house(The Old Post Office), où je passe la nuit, avec qui je sympathise et qui me propose de demander à sa fille, guide dans les grottes de l’ouest de Snaefellsnes de me déposer le lendemain à Ólafsvík, qui se trouve sur sa route. Bref, après une nuit quasi-inexistante essentiellement passée à explorer les alentours magnifiques du village, je pars pour Ólafsvík à 8 heures pétantes !
 
Soleil de minuit magique près de Kirkjufjell - crédits Nicolas Martinez
Ólafsvík, un petit village tranquille, avec son église à l'architecture très inhabituelle, et une cascade puissante qui le surplombe, et est parfois remplacée par de terribles avalanches l'hiver, quand un morceau de l'épais manteaux de neige qui se forme sur le glacier se détâche... 
Après avoir fait le tour des environs et un rapide approvisionnement pour la randonnée que je me prépare à faire, je peux enfin me mettre en route pour Hellnar, à 23 km de là, en passant par le Snæfellsjökull, après avoir vérifié auprès de l'agence de tourisme du village que c'était bien un projet raisonnable et faisable en une journée - C'était bien le cas !


L'église très atypique d'Ólafsvík - crédits Nicolas Martinez


L'intérieur de l'église, au design très futuriste ! - crédits Nicolas Martinez


Cascade de Bæjarfoss - crédits Nicolas Martinez

L'ascension, si elle est assez d'assez fort dénivelé au début, n'est malgré tout pas trop éprouvante, pourvu qu'on soit équipé de bonnes chaussures de marches. Pour les 4x4, qui empruntent parfois la piste, c'est une autre histoire ! Mais l'effort est très vite récompensé par la vue, qui est tout simplement magnifique !


La région est un véritable vivier à volcans ! - crédits Nicolas Martinez


Snæfellsnes est une terre volcanique et le sol est constitué de lave séchée, en gravillon et autre bólstraberg ("lave en coussins") - crédits photo Nicolas Martinez
D'abord, très vert et assez lumineux, je déchante vite lorsque j'atteins les hauteurs du glaciers, où le temps est autrement plus instable, mais non moins impressionnant. Le paysage, lui, passe de "neptunien" à "martien" sans prévenir. Complètement saisissant !


Une fois arrivé dans les hauteurs, la nature se fait hostile - crédits Nicolas Martinez


Le paysage tourmenté des sommets témoigne de la violence des éruptions passées - crédits Nicolas Martinez
Parfois, on tombe sur les fameux tas de pierre, servant à guider les voyageurs, très courants en Scandinavie, en particulier en Islande, où il est facile de se perdre, il faut bien le dire...
Tas de pierre en équilibre -très- instable
- crédits Nicolas Martinez

Enfin, arrivé au glacier de Snæfellsjökull proprement dit, voilà que le paysage se fait polaire. Mais, le mauvais temps étant de la partie, difficile de distinguer le sol du ciel !
Une dameuse sur le Snæfellsjökull - crédits Nicolas Martinez
Enfin, le temps s'empirant, et le froid étant saisissant, je ne m'attarde pas trop, et file plein sud afin de rallier le sud de la presqu'île avant qu'il ne fasse "trop sombre".
Et c'est là, alors que la partie que je redoutais à priori le plus s'était passée sans encombre, qu'une tempête de vent terrible  mêlé de sable volcanique, s'est levée, m'enlevant en un instant toute visibilité et rendant ma progession quasi-impossible. Ayant du même coup perdu mon chemin, je décide alors de faire cap plein sud-est à l'aveugle, traversant des champs volcaniques désolés s'étendant sur des kilomètres et jonchés de vieux 4x4 abandonnés, de débris de tentes... Je peux vous dire que je n'en menais pas large 



Finalement, après un temps qui m'aura semblé interminable, je débouche sur une vallée immense sans la moindre trace de vie humaine. Très vite, je distingue au loin la côte, le plus gros est fait. C'est pile à cet instant de soulagement que Snæfellsjökull choisit pour faire sa toute première apparition, un véritable instant de grâce...
Retour sur "Terre" - crédits Nicolas Martinez


Le Snæfellsjökull, majestueux - crédits Nicolas Martinez
Une fois la côte en vue, une seule idée en tête : filer tout droit jusqu'à la route, qui serpente tout autour de l'île. À cet instant, je pense encore être près du but mais il s'avère que ma mésaventure m'aura conduit quelques 10 km plus à l'est de mon point d'arrivée, le village d'Hellnar, m'obligeant par la même occasion à descendre les hautes falaises à pic qui me séparent de la côte, afin de ne pas perdre trop de temps. 
Pour celà, une technique à retenir peut-être : J'ai suivi des moutons qui faisaient aussi la descente, c'est des pros !


Du haut de cette falaise, un monde nous sépare ! -  crédits Nicolas Martinez
Une fois en bas de la falaise, la route s'avère bien plus longue que prévu, en particulier parce que je commence à fatiguer, et ce soir-là, les trolls et autres elfes qui trainaient par-là ont sans aucun doute pu entendre un bon nombre de propos désespérés sortir de ma bouche, dont la majeure partie devrait être censurée pour rester tout public : "Saperlotte, par Þór et Óðinn !"
En bleu fléché, le trajet prévu, en rouge, ma perdition - crédits Nicolas Martinez



Enfin, finalement, j'arrive vers 22h du soir, exténué, à la guest house du village, in-extremis, n'ayant rien réservé à l'avance (Fortement déconseillé !!!). On m'y apprend que l'Allemagne a été sacrée championne du monde un peu plus tôt dans la soirée. Mais surtout que je suis arrivé trop tard pour demander de la kjóttsúpa (soupe de viande de mouton - miam).


Hellnar, point d'arrivée, enfin ! - crédits Nicolas Martinez

"Épilogue"... Le lendemain, après un petit déjeuner très copieux, je pouvais rentrer pour Borgarnes, pris en auto-stop par de jeunes et sympathiques autochtones artistes, comme il se doit, non sans avoir pris le temps de me balader sur la côte, aussi loin que mes ampoules de la veille pouvaient me porter (= Pas loin !).


La côte, formée de couches épaisses de lave séchée, érodée en "cheminées" caractéristiques (Hellnar) - crédits Nicolas Martinez



Voilà, j'espère que le récit de mon escapade vous a plu et que je vous ai donné envie de visiter, vous aussi, cette formidable région, souvent surnommée la "Petite Islande" tant ses paysages sont variés. 

Takk fyrir mig og bless! :-)


Nicolas.

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