4 décembre 2015

Des icebergs à Paris

Hallo, 

Je ne vous ai pas habitué à tant d'activité depuis bien longtemps déjà, mais il semblerait que le temps soit venu pour une reprise d'activité ? A suivre, je n'en sais pas plus que vous pour l'instant !
Des icebergs à Paris (03/12/2015 crédits : Nicolas Martinez)
Ça s'est passé hier, sur la place du très fameux Panthéon, un des monuments les plus prestigieux de la très tranquille Rive Gauche de Paris, jusqu'à il y a peu, mon lieu de résidence qui s'est révélé provisoire, puisque j'ai à présent migré à l'extrême nord de la ville intra-muros (Rive Droite). 


Bien sûr l'oeuvre, consistant de 12 blocs de glace placés en cercle, issus d'un iceberg détaché au large de la ville de Nuuk, capitale du Groenland, et rapportés par l'artiste Dano-islandais Olafur Eliasson, s'inscrit dans le contexte actuel, à savoir la Conférence de Paris de 2015 sur le changement climatique (#COP21), un des sommets mondiaux majeurs de ces dernières années. Et ce, dans le but de sensibiliser le monde sur le danger que représente la fonte des glaces polaires.

12 morceaux d'un iceberg groenlandais à Paris
(crédits : Nicolas Martinez)



En effet, elle se fixe comme objectif d'arriver à des accords entre les 198 états membres des nations unies pour la première fois, dans le but de limiter le réchauffement climatique, dont la responsabilité humaine n'est plus à prouver. Et ce, après 20 autres sommets climatiques, dont le climat souvent houleux semblait sans cesse empêcher tout accord. La première conférence, organisée à Stockholm (en Suède, pour les gens arrivés sur ce site par hasard) en 1972, d'une importance comparable, avait vu un essor des politiques environnementales, jusqu'alors anecdotiques dans une grande partie du monde. Gageons que les accords signés à l'issue de la Conférence de Paris auront une importance immense sur l'avenir de l'humanité toute entière. Alors, don't mess this up, Obama & co., comme on dit dans la langue de Shakespeare, car souvenez vous que \vec{\mathrm{F}}_{\mathrm{A/B}} = -\vec{\mathrm{F}}_{\mathrm{B/A}}, comme on dit dans la langue de Newton. Autrement dit, qui récolte le vent, sème la tempête... 

/Nicolas
3 décembre 2015

Paris : La vie morose

Place de l'Etoile - Paris au ralenti au matin du 14 novembre (crédit : Nicolas Martinez)


Ah qu'il est bon ce moment de l'année, où les journées se réduisent à leur plus simple expression, où tout semble être fait pour nous rappeler que c'est bientôt Noël, la période des fêtes. 
Même ici, dans Paris, faisant figure de Scandinavie australe, les nuits se rallongent, sans jamais s'approcher réellement de l'extrême obscurité de l'hiver du Nord. Les gens s'attardent beaucoup moins dans les rues, emplies d'un froid tout relatif. Cependant la comparaison si elle est même possible, s'arrête là. Car les cafés, les musées et les restaurants, eux par contre, ne désemplissent jamais. 

Hors de question dans la capitale proclamée de la culture, d'arrêter ne serait-ce que le temps de quelques semaines, le rythme effréné de la vie qui l’agite, au rythme des pulsations de ses entrailles, ses boulevards et ses métros en guise d'artères, qui conduisent ses habitants, souvent hagards, parfois maussades (rustres), jamais souriants, du boulot au dodo, avec un passage quasi-obligé en terrasse, au bistro, dès que l'occasion s'y prête.

Seulement, si rien ne semble apparemment avoir changé sur les visages fermés des Parisiens dans l'métro, il est évident qu'il s'agit là de leur talent incroyable pour masquer toute trace d'émotion. Le 13 novembre est passé par là, c'est indéniable. 
#WeAreNotAfraid, #ToujoursDebout... Les hashtags se sont multipliés sur les réseaux sociaux, dès les premiers instants qui ont suivi les attentats perpétrés en plein centre de la ville, souvent pour dire la même chose : "Même pas peur" ; et pourtant, les gens ont eu, et ont encore aujourd'hui, peur, le nier serait absurde, ce qui est humain. Ou plutôt non, c'est un instinct tout ce qu'il y a d'animal, notre particularité étant la rationalisation de ses peur. Avoir peur, c'est normal, "solutionner" la chose en portant son vote sur un choix... extrême, c'est inconscient. Le temps nous dira si cette rationalisation aura eu lieu, évitant ainsi que l'histoire ne se répète...
En attendant, The Show Must Go On, comme Freddy disait ! 

Ce sera tout, à très vite pour du contenu plus gai !

/Nicolas depuis Paris
1 septembre 2015

Retour à la vie "normale"

Ísafjörður, l'île déserte dans l'île déserte - crédits : Nicolas Martinez
Un long silence. On croirait presque que voilà un autre de mes fameux silences radio, un silence de ceux dont je semble avoir le secret. Si c'est ce que l'on se dit, on n'a, il faut bien le dire, qu'à moitié tort. 

Si mes silences généralisés sont plus ou moins une des (seules) constantes de ce blog, et, même si il y a fort à parier que ce n'est là qu'un parmi de possibles autres à venir, vous auriez mieux fait d'écouter celui-ci avec un plus d'attention. 
Après quelques courts instants, vous auriez alors eu le sentiment que l'on a habituellement en un chaud jour de Juillet, quand on se demande pourquoi son appartement baigne dans une terrible odeur de mort et que l'on réalise soudain qu'on a tout simplement oublié de sortir la poubelle contenant le kilo de carcasses de crevettes de la veille. Oui carrément. Vous auriez eu ce qu'on appelle dans le jargon une épiphanie. -Après tout c'était peut-être pour une galette des rois à la sauce aux champignons, les crevettes.


Enfin revenons à nos moutons. 
 
Moutons Ísafjörðais - crédits : Nicolas Martinez

Tout comme l'odeur des crevettes épiphaniques, ce silence aurait dû vous rappeler le silence de quelqu'un pour qui le temps a pris une réalité sensiblement différente de celle de la Terre. 
Vous auriez alors pu envisager le fait que j'étais en orbite autour d'un trou noir, en train de profiter des joies de la vie à proximité d'une singularité gravitationnelle relativiste. Et vous auriez eu presque raison, si ce n'est que la singularité en question n'est pas un trou noir, ou tout au plus un trou, paumé. Et magnifique. Je vous le donne en mille : la terra Islandica en personne !

Le fjord d'Ísafjörður en panoramique - crédits : Nicolas Martinez

Difficile en effet pour le néophyte Scandinophile de se représenter a quoi peut bien ressembler la vie en Islande.

Car il faut bien le dire, le fait de se couper le bras gauche avec un couteau suisse à la lame rouillée et celui de vivre sur une île désertique peuplée par des insulaire fort peu... continentaux, et isolée du continent par plus d'un millier de kilomètre d'eau glaciale ont au moins une chose en commun : la seule manière de vraiment savoir ce que ça fait, c'est d'essayer par soi-même. Enfin, vous pouvez aussi recueillir le témoignages des pauvres fous qui ont tenté l'expérience, afin de vous donner une idée, puis décider de sauter le pas. Ou pas. Enfin, dans tous les cas, en particulier le deuz' je vous conseille d'être a jour niveau vaccin antitétanique... 

Pour les débutants donc, voici :
Le processus d'expatriation en Islande simplifiées en 4 étapes sommaires :

1 - L'arrivée (10 premiers jours) : L'individu nouvellement arrivé en Islande (re-)trouve avec exaltation les décors magnifiques de l'Islande. Son lien théorique avec le reste du monde reste fort, son lien pratique dépend beaucoup de la qualité de la WIFI à laquelle il a accès (... !) Enfin, il lit/regarde encore les nouvelles internationales quotidiennement et s'y intéresse personnellement.

2 - L'acclimatation (40+ jours) : Même si on ne s'y fait jamais vraiment, il vient un moment ou une certaine routine s'installe, c'est mécanique. On prend le pli et le dessus des paupières aussi : c'est que les 35 heures, on en est bien loin ici-haut ; une semaine de travail islandaise normale représentant au bas mot 48 heures + heures sup' sur 6 jours par semaine. (Pour info, les 40 heures hebdomadaires furent votées en France en 1936 par le Front Populaire). La fatigue, le manque d'intérêt national pour ce qui se passe par dela les mers commence et le rythme de vie étrange de l'île commencent à déteindre sur moi.... Enfin, je veux dire sur l'individu, que l'on appelera Günter145fed5t pour éviter toute ambiguité. 
S'intéresse aux nouvelles internationales environ une fois par quinzaine.


3 - L'insularisation (6+ mois) : Ayé, on est devenu un gros con... sommateur d'Egils Appelsín (Orangina à l'Islandaise). Ce qu'on fait en Islande, on sait plus trop, mais on suppose que c'est à cause des paysages fabuleux et tout ca... En tout cas, c'est pas à cause de la bouffe, du climat ou de la langue alambiquée, ca non...
Après bon, on est encore conscient qu'il y a un monde, loin vers le large, d'ailleurs on se souvient vaguement qu'on vient de là-bas, vue qu'apparemment, notre famille y est toujours.  
Lit les nouvelles par petit accoups, 2-3 fois par mois, 

4 - Le choix (12+ mois) : Voilà le moment fatidique tant redouté, suite logique du processus d'expatriation dans tout pays. Sauf que bon, le choix de rester en Islande avec pour seuls éléments les 12 premiers mois qu'on y a passé est tout sauf aisé, et tous ceux qui sont passés par là seront d'accord là-dessus. En effet, comment peut-on se baser sur une expérience Islandaise qui selon toute probabilité a été extrêmement mouvementée et inconstante, vascillant sans cesse de haut en bas ?
Me voilà donc arrivée à cette étape, bien que mon séjour ait été interrompu par une aventure fort malheureuse au pays de la smörgåstårta et du surströmming. Rester ou partir, une fois le cycle d'une année étant passé...

Sur les hauteurs du Suðurlandi - crédits : Nicolas Martinez
Me concernant, partir est une certitude, cette question ne se pose pas pas vraiment, étant donné qu'une autre, qui a pris les proportions titanesques d'un choix en quittes ou quintuple, a déjà pris le dessus, mais elle est la même, bien que sous une forme plus générale : Rester ou quitter... le Nord.
Question fort difficile à prendre pour des raisons psychologiques évidentes, après presque 5 années passées en terres Nordiques. Et, si c'était bien loin d'être la premiere prise de conscience de ce style, celle-ci aura en tout cas été la premiere à être traîtée d'un point de vue pragmatique plutôt que sentimental/utopiste. Et donc, je vous le donne en mille, Paris, me voilà, d'ici un peu moins d'un mois probablement, pour de nouvelles aventures. Est-ce que mon retour en France pourrait sonner le glas de ce blog ? Je ne saurais le dire, mais pour le moment, faisons comme si de rien n'étais ! :)

 
Vue aérienne des fjords du Nords-ouest de l'Islande - crédits : Nicolas Martinez


Portez-vous bien ! 


Bless bless,

Nicolas

15 juin 2015

L'Islande, Creuse de l'Atlantique

Goðan daginn à toutes et tous !  
- y compris à vous, mes chers amis Creusois, sans rancune !
Île de Viðey, baie de Reykjavík (13 juin 2015) - crédit : Nicolas Martinez

Hé oui, voilà qu'après plusieurs longs mois d'absence, Môssieur consent enfin à refaire surface. Oui seulement voilà, il s'avère en fait que ce qui pour vous représente peut être une longue période est passée en un éclair du point de vue de vôtre serviteur (ça, c'est moi). 

Le temps, est une notion relative, comme tant d'autres choses (-"Tout", me souffle un certain Albert), et il a pour particularité de filer plus vite que la lumière (-"Nein, nein, nein !") à partir du moment o
ù le produit des densités d'évènements et d'activité dépasse... l'entendement. Et je peux vous garantir qu'à ce niveau, je n'ai vraiment pas eu le temps de m'ennuyer. Ni de souffler à vrai dire.

A plus, Göteborg ! - crédit Nicolas Martinez, qui d'autre ?

Enfin, voyez plutôt : alors que je vous quittais à la mi-février sur la petite visite insouciante d'un monument au rôle majeur dans l'histoire scandinave, au cœur du Bohuslän, la région de Göteborg en Suède, voilà que vous me retrouvez (Facon de parler, je suis présentement sur Reykjavík) à prėsent au sein d'un ranch isolé, en retrait de la petite bourgade de Hveragerði, dans la partie sud de l'Islande (Suðurlandi), à près de 2000 kilomètres de là à vol d'oiseau . Remarquez, à nage de poisson ou de sous-marin nucléaire russe, ça marche aussi, dans le cas présent... Le fait est que j'ai, une fois n'est pas coûtume, à nouveau pris un nouveau départ, cette fois, en partie par nécessité aux vues des évènements fâcheux qui on marqué mon existence ces derniers mois, depuis le jour même de mon retour sur le "continent scandinave", journée de grande infortune qui avait pourtant causé/permis mon passage dans 4 pays nordiques en moins de 24 heures pour la première (et derniere) fois de ma vie.

L'Islande, qui porte si bien son nom (mai 2015) - crédit : Nicolas Martinez
Retour en Islande, donc, qui devient, comme la fois d'avant, mon refuge, mon lieu d'exil. Bon, à choisir, ca vaut toujours mieux que Saint Hélène. Pour ce qui est du climat, je suppose que même si l'hiver est parfois aussi déprimant qu'une défaite à Waterloo par jour, voilà qu'il a à présent laissé place au fameux été islandais, nous laissant ainsi environ 2 mois de répis, et, avec un peu de chance, une température dépassant allègrement parfois les 10 degrés (celsius)... 
"... [E]t encore, ils auraient pû choisir l'Islande !" - Napoléon B., 1822
Enfin, 10 degrés ou pas, c'est un fait, le pays reste hautement photogénique, magnifique en toute saison et tiens, je réalise que le temps de mon hibernation après cet hiver que l'on aurait cru sans fin. Alors, hop, un coup de dégivrage du blog et c'est reparti !

À bientôt pour des articles toujours plus frais, malgré le redoux !

/Nicolas

17 février 2015

Bohus Fästning : La Porte aux trois Royaumes


Halloj à vous, marrauds très chers lecteurs,




Avant-hier, dimanche 17 février 2015, aura été un grand jour ! Oui car c'était le jour de ma toute première... introduction illégale à l'intérieur d'un bâtiment historique suédois classé... Champagne !
Bohus fästning, une forteresse imprenable aux coeur de la Scandinavie
crédits : slottsguiden.info
Et puis tant qu'à faire ce genre d' "incivilité" (Aucune loi ne prévoit de punition pour ce genre d'acte, ni en Suède, ni en France, pour info...), autant choisir un lieu au patrimoine historique incroyable. Et quoi de plus incroyable pour mon premier acte de "délinquance culturelle" qu'une forteresse imprenable vieille de plus 6 siècles, qui a appartenue tour à tour à la Norvège, au Danemark et à la Suède ?
C'est donc à bord du "Gröna expressen", une sorte de bus-RER, que je me suis embarqué pour un trajet en direction de la paisible ville de Kungälv, 25 mille habitants, à 25 km au nord de Göteborg.
Ligne de bus que je connais bien, pour l'avoir empruntée de nombreuses fois pour aller travailler dans la région, sans jamais m'arrêter toutefois à sa forteresse en ruine et son centre historique, à côté duquel il est facile de passer. Mais on ne me la fait pas à moi !
À force, je connais bien la manière humble, parfois (souvent ?) méconnaissante des faits, qui pousse les suédois à faire bien peu la publicité de lieux historiques ne manquant pas de singularité. Et une chose est sure, ce lieu, n'en manque pas !


Après environ une demi-heure de route, le bus se rapproche de la rive-sud du Nordre älv, un bras du Göta älv, le fleuve sur le bord duquel a été bâtie la ville de Göteborg. C'est à ce moment là, au sommet d'une butte, sur un îlot au milieu du fleuve, autrefois lieu hautement stratégique, que se dressent les ruines de la forteresse de Bohus, tranchant de manière insolite avec le paysage vallonné et boisé qui caractérise cette région de la Suède. C'est par cette même île, reliée de part et d'autre par des ponts, que passe mon gröna express (Express vert), contradictoirement entièrement bleu comme tous les bus de Göteborg.
Se rendre à Kungälv à bord du "gröna expressen", l'express vert tout bleu
Crédit : Jonathan Rydberg
Une fois descendu à l'arrêt "Fars Hatt" (Le chapeau du père), du nom de la seule tour encore debout, je me mets ainsi en route pour la forteresse. Le temps est maussade, et le promeneur rare et bien assez vite, rentré chez lui. Tout autour du fort cependant, la nature est foisonnante et invite à la promenade. Le sol alentour est jonché de débris de roche, plus ou moins gros, mais restes évident du passé de refuge de centaines d'habitants, vivants sous la protection du fort. Des panneaux d'information disposés ca et là, indiquent (En suédois seulement, sorry guys) que les débris de roche faisant face à l'entrée principale des ruines sont les restes de l'ancienne église de la bâtisse, ainsi que du vieux cimetière. En faisant le tour des remparts, je constate en effet que quelques bris d'os  sont visibles à même le sol.
Le parc verdoyant du fort
Et des ruines et surtout, des squelettes, il est tout à fait raisonnable de penser que le sol de l'île en est jonché, tant le passé de la forteresse est tumultueux !

Aggrandi et amélioré au cours du temps, le fort de Bohus est tout d'abord entré en fonction en 1308. Sa construction avait été ordonnée par le roi Håkon Hålägg ("Longue jambe") de Norvège, pour protéger l'extrême sud de  la province de Bohuslän, à laquelle il a donné son nom ! À l'époque, les frontières des jeunes royaumes de Suède, de Norvège et de Danemark sont bien différentes des frontières actuelles : La Suède finissait alors bien plus à l'est du "Götaland", concentrée sur la Baltique (La Finlande en étant la partie intégrante jusqu'en 1809), tandis que les régions sud et sud ouest de la Suède actuelle, et correspondant au Bohuslän, au Värmland et au Skåne, faisaient partie des royaumes de Norvège et de Danemark (En plus de la province du Jämtland, plus au nord).

Ce qui faisait alors de Bohus fästning, l'ultime frontière entre la Suède d'un côté, l'extrême sud de la Norvège, non loin de l'extrême nord du Danemark, de l'autre : 
Le Nord au 14e siècle
Wikipedia
La région était alors au centre de tous les nombreux conflits entre les 3 royaumes. D'abord entre le Danemark et la Norvège ou la Suède, puis entre le Danemark et la Norvège, soumise à celui-ci, contre la Suède. Et le Bohus fästning en particulier, formant un véritable verrou du fleuve Göta, alors très important pour le commerce. Entre le 14e et le 17e siècle, le fort fera des envieux, et subira ainsi de très nombreux sièges de la part des Suédois, des Danois, puis, une fois la région du Bohuslän obtenue par la Suède suite au traité de paix entre la Suède et le Danemark-Norvège, des Norvégiens, qui voulaient, et on les comprend, récupérer ce qui avait alors déjà bien mérité son statut de "château le plus fort de Scandinavie", même s'il n'a que rarement permis la protection de la ville de Kungälv elle-même, détruite très régulièrement par les troupes de siège.

Le procédé de leur siège de 1678, au cours de la guerre de Scanie (Skånska kriget), qui restera le dernier subit par le fort, et probablement le plus osé d'entre eux, est décrit comme sans pitié : Le 6 juin, après avoir ravagé une bonne partie de Kungälv, une troupe forte de 10 000 soldats norvégiens, appuyés par une forte artillerie, ont commencé à pillonner le fort, défendu par 384 soldats seulement, qui ont bien entendu répliqué à l'attaque. Voyant que les occupants de la forteresse ne cèderaient pas facilement, les Norvégiens, appuyés par des troupes Danoises décident alors d'utiler leur "arme ultime", des "leede, förgiftede stinkpotter" en Danois dans le texte. Comprenez des sacs contenant le contenu de latrines, un concentré de germes, dont le but était d'affaiblir les défenseurs en les rendant malades. Mais même cette tactique ne fut pas suffisant, alors les Norvégiens se mirent après quelques jours à lancer un tas de bombes, des centaines, contre le fort, et finirent par créer une brêche dans les remparts. Mais les Suédois étaient particulièrement aware ("medvetna") ce jour-là, et repoussèrent l'envahisseur en causant moultes pertes... Finalement, le fort tint miraculeusement jusqu'à l'arrivée de renforts, et les Norvégiens se retirèrent. Peu après, la guerre de Scanie se conclut en un match nul, où la Suède conserva la Skåne, le Bohuslän et toutes ses autres conquêtes précédentes, qu'elle avait patiemment grignotté au Danemark et à la Norvège. 
La Suède en 1679... "Beaches" ! 8-)
Wikipedia
Les nouvelles frontières se trouvant alors "définitivement" fixées, le fort de Bohuslän, qui avait au cours de son histoire abrité des rois, accueillis la signatures de traités majeurs entre les 3 royaumes scandinaves, perd son rôle stratégique de garde-frontière et tombe rapidement en désuétude, devient tour à tour résidence du gouverneur de la région, prison, puis, ruine et matériau privilégié pour la construction de Ny-Kungälv, qui est déplacé un peu plus au nord, et dont le centre historique ne manque pas de charme !

Une forteresse vraiment imprenable donc... Certes, jusqu'à ce fameux Dimanche 17 février de l'an de grâce 2015 donc, date à laquelle un jeune fransos, qui n'en rajoute pas des tonnes, a réussi, à la tombé de la nuit, et armé de ses maigres talents en escalade seulement,, à se rendre seul maître du fort, fermé à la visite jusqu'à mai prochain, et, qu'il a pu visiter librement et surtout, apprécier la vue incroyable qu'il offre. Et pour une raison qui lui échappe, il était totalement dépourvu de garnison (Concierge ?). La Suède, c'est plus ce que c'était...


/Nicolas


Bohus fästning et Kungälv de nos jours
slottsguiden.info

-Site officiel du Bohus fästningwww.bohusfastning.com

-Pour les suédophones qui veulent en savoir plus sur l'histoire du fort: www.slottsguiden.infowadbring.com/historia
8 février 2015

Ett halvår


Île d'Öckerö, dans le Nord de l'archipel de Göteborg (Göteborgs skärgård)
credits : Nicolas Martinez

Celà fait pas loin de six mois... Ett halvår (Une "demi-année", un semestre). Et c'est aussi le moment pour moi de faire une petite rétrospective de mon temps passé à la ville "rosa" du Nord qu'est Göteborg...

Ett halvår déjà, que j'ai fait le pari, improbable, mais réalisable, en théorie du moins, de retenter l'expérience suédoise, deux années entières après avoir quitté le sol du pays, pour raisons de sentiments mitigés, et une impression de ne pas avancer dans la direction souhaitée (Administrativement parlant, entre autre).

Ett halvår, qui a connu son lot imprécédenté de mésaventures et de petites catastrophes du quotidien, faisant de ce temps la période la plus difficile de ma courte vie, et ce, à l'endroit précis où j'avais en toute liberté fait le choix de vivre, étudier.

Ett halvår de petits combats personnels menés dans mon coin, dans Göteborg, une ville que je ne connaissait pas, deuxième ville d'un pays que je ne reconnaissais que peu. Trouver un travail, étudier, trouver un logement stable, manger à sa faim... Réussir tout les exams du semestre, malgré tout !

Ett halvår de défis, de "kamp för livet" ("combat pour la vie"), où pour la toute première fois de ma courte existence, ma réussite était vitale.. Avec, en plein milieu, Jultiden (Noël), le moment de l'années où je fais en sorte, depuis ma naissance, de toujours être présent auprès de ma famille. Jusque cette fois-là, où pour la première fois depuis mon expatriation en Scandinavie, il y a plus de 4 ans de celà, je n'en ai pas la possibilité. Me faisant réaliser d'un coup d'un seul le retournement de situation, l'ironie de ma situation : De désespéré d'avoir dû quitter la Suède jusqu'à il y a peu, voilà que j'en était à présent devenu le captif non consentant.

Ett halvår au bout duquel voilà que j'ai pris conscience que mon atterrissage en terre suédoise, en ligne droite depuis l'Islande, et pour lequel j'avais toutes les raisons de croire qu'il se passerait bien, s'était transformé en atterrissage sous un blizzard sibérien avec 3 des 4 réacteurs en panne. Que me dit alors ma logique, un moment vascillante, à présent à peu près rétablie ? Que dans ces cas-là, un détournement du vol vers un aéroport où le temps est plus propice à un atterrissage d'urgence. D'autant que les réserves de carburant viennent à manquer... 
Mais bon, les vols plannés sur 50 nautiques à bord d'un vieux avion cargo tchétchènes, ca me connait apparemment ! Alors, à defaut d'en savoir plus, me voilà bientôt parti pour l'Ouest (De la Scandinavie, bien sûr), où de nouvelles aventures m'attendent, avant d'accomplir un nouveau tour de piste en septembre 2015 : les études n'attendent pas.

Vi syns!

Nicolas
26 janvier 2015

Ormen som biter sig i svansen

"Ah, si vous n'avez pas le formulaire A-38, je ne peux rien pour vous." La maison qui rend fous (Les 12 travaux d'Astérix)
Tous droits reservés à Gosciny et Uderzo

Tel le Midgárðsormr se mordant la queue...
Wikipedia.org
Aujourd'hui, place à une expression suédoise peut répandue : Ormen som biter sig i svansen, qui a pour exact équivalent l'expression française,"Le serpent (ormen) qui se mord (biter sig) la queue (svansen)".
Cette expression est imagée dans la mythologie Scandinave par le serpent Midgárðsormr, qui était devenu si long, qu'il a fini par... entourer le monde, et se mordre la queue !...
Bon, pour ceux qui ont fait S, ou qui ne savent pas lire (Ou les deux, comme cela est parfois le cas), qualifier une situation de "Serpent qui se mord la queue", en souligne avant tout le caractère inextricable. 
Toujours pour ceux qui ont fait S, ça tombe bien, moi aussi (Et puisqu'on est aux heures des aveux, je sais aussi lire), on peut schématiser le phénomène selon un modèle suivant ces deux conditions :

Pour obtenir B, A est requis. Mais... Pour obtenir A, B est requis. 


Hé bien maintenant, remplacez A par "personnummer", le fameux numéro personnel d'identité suédois, sans lequel il est à peu près impossible de vivre en Suède, puisqu'il vous sera demandé lors de l'ouverture de votre compte bancaire, par votre nouvel employeur, par votre université, pour obtenir un abonnement téléphonique, louer un appartement, vous rendre chez le docteur ... Bref, pour travailler, étudier et... Vivre.
Puis, remplacez B par... Travailler, étudier et... vivre. 
Jusque là, tout est clair : "Pour travailler, étudier et... vivre en Suède, il faut un personnummer".
Bon. Mais vient ensuite la deuxième partie, "Pour obtenir A, B est requis.". Et donc, "Pour obtenir un personnummer, il faut travailler ou/et étudier et (bien sûr) vivre en Suède".

Bref vous suivez jusque-là ? Hé bien maintenant,  vous savez avec quel cercle vicieux je suis aux prises en ce moment, m'empêchant entre autre de plancher sur mon article "très" attendu sur les Vikings, par Toutatis !
Il existe bien sûr des moyens de se sortir de ce mauvais pas, qui n'est pas totalement étanche, mais pas si on joue de malchance, et c'est justement mon cas. Alors pour les malchanceux comme moi, qui ne peuvent pas justifier d'une activité en Suède (Études ou travail) pour plus d'un an à partir du jour de demande, à faire auprès la Maison qui rend fou qu'est le Skatteverket (Trésor Public + Sécu = Amour), voici une astuce qui m'a permis de survivre jusque là :
Montez votre micro-entreprise (De traduction, de ménage, de cours de swagitude, peu t'importe !). À son enregistrement, toujours auprès du Skatteverket, vous obtiendrez un matricule appelé "samordningsnummer", à traduire par "personnummer de pacotille que personne en Suède ne connait et qui provoquera la méfiance de vos employeurs personnels". Que nenni ! Ce petit substitut de personnummer vous autorisera à travailler légalement en Suède. Et aussi... Payer vos impôts... Hurray ! 

Bon pour tout le reste, comme par exemple, se faire payer le salaire obtenu grâce audit travail obtenu, il faudra cependant repasser avec le bon formulaire, parce qu'un personnummer de pacotille ne suffit pas forcément, comme je l'apprends, à mes dépends ! 

Nicolas
21 janvier 2015

Damen med brytning - La dame à l'accent

Cette couverture fictive devrait-elle vraiment faire rire ?
crédits : Nicolas Martinez

Oui, oui d'accord, on est tous, on est tous... Quelqu'un. Bon, ça va, on a compris. Hé bien moi, aujourd'hui, et je le dis haut et fort, je suis Eva Joly ! (Au sens figuré, je vous prie).

photo : Stéphanie Calombe (nrk.no)
Je m'explique. Eva Joly, 71 ans, née Gro Eva Farseth (On ne s'étonnera pas que Gro Farseth ait pris son deuxième prénom ainsi que son nom d'épouse du francais Pascal Joly, pour embrasser la brillante carrière de juge d'instruction internationale qu'on lui connait, ainsi que sa carrière... moins brillante de politicienne écologiste chez Les Verts), dans le quartier populaire de Grünerløkka à Oslo, présente un parcours  qu'il est bien difficile de ne pas qualifier d'exemplaire...
Après avoir étudié le francais à l'Université d'Oslo, Eva Joly décide partir pour la France à l'âge de 18 ans comme fille au-pair, peut-être déçue de n'avoir fini que 3e au concours Miss Norvège cette année-là (!?). Après quelques temps passés en France, où elle s'est marriée au fils aîné docteur de sa famille d'accueil française, avec qui elle a 2 enfants, Eva obtient à l'âge de 24 ans la double nationalité francaise et norvégienne. Elle poursuit ensuite des études de droits à la Sorbonne, et embrasse, quoi que quelque peu tardivement, une carrière dans la magistrature, où elle effectue une carrière exemplaire - toujours en France. Devenue juge d'instruction en 1990, elle instruit des affaires nationales mageures (Voir affaires Elf, Tapie...)
Enfin, en 2001, ca fait maintenant près de 40 ans qu'elle vit en France, soit plus des deux tiers de sa vie, dont 34 en tant que citoyenne francaise. Suite au suicide de son mari, et à la résolution de l'affaire Elf, elle décide de partir en exil pour la Norvège, un pays qu'elle avait quitté jeune, pour ne "jamais" y retourner. Elle se met alors au service du gouvernement norvégien, avec lequel elle collabore quelques années. Mais, et alors qu'elle est à ce stade devenue un personnage public francais à part entière, elle se rend probablement immédiatement que son statut en Norvège, ainsi que sa grande expérience accumulée en France, ne lui sont d'aucun secours. De retour dans son pays d'origine, elle arrive dans un pays qui n'est vraiment plus le sien : un peuple régi par une monarchie constitutionnelle, et vouant une fierté sans limite envers sa famille royale, son gouvernement, ses acquis sociaux, ses performances économiques, son équipe nationale de ski de fond, de handball féminin, son drapeau, ses bâteaux, ses chalets d'hiver... Bref, envers absolument TOUT ce qui le caractérise. Eva, étrangère dans son propre pays, réalise bien vite qu'y changer les choses sera totalement impossible. Elle y est devenue la francaise de Norvège. 
Après quelques années, puis une petite transition en Islande, où elle travaillera pour le gouvernement post-crise de 2008, elle retourne en France, pour entamer la campagne présidentielle de 2012 à la tête des Verts. 
Bon, la suite, on la connait : discours décevants, français peu convaincus,... Accent moqué. Le parti réalisera un score très faible (2,31% des votes), et même si tout ne peut pas être mis sur le fait qu'il se soit agit d'une personne de nationalité étrangère, femme de surcroît, il est certain que son origine étrangère a joué un rôle dans son dénigrement par la majeure partie de la classe politique francaise, encore bien patriarchale et solide sur ses bases. Avec certains politiciens allant lui contester la légitimité de se présenter à ces élections en temps qu'étrangère (Faut-il rappeler qu'à ce stade, ca fait 45 ans qu'elle a obtenu sa nationalité française ?), qui ne comprend pas vraiment les enjeux et les réalités de la France, qui ne connait pas les Français. Certain allant même jusqu'à clamer ouvertement qu' "il est temps pour elle de rentrer en Norvège" (député Lionel Tardy). Enfin, après cet échec cuisant qu'elle relativise comme elle peut, Eva Joly se remet au travail, étant toujours députée Européenne pour Les Verts (Réélue en 2014), et repart "pour de nouvelles avcentures"...

Enfin bref, là où je veux en venir, c'est qu'à la base, il n'est pas évident qu'une personne, expatriée dans un pays étranger, loin très loin de ses racines, arrive à obtenir la reconnaissance de la part de celui-ci. À l'étranger, l'expat (Je m'inclue dans le lot) a un statut à part, et l'expat' norvégienne en France qu'est Eva Joly a connu ce que tout expat' connait après un certain temps : Plus vraiment considéré comme de son pays d'origine après un temps, il ne devient cependant jamais vraiment totalement rattaché à son pays d'adoption, devenant une espèce d'hybride international. Nettement plus câlé sur la société française que n'importe quel autre Norvégien au monde, dans le cas d'Eva Joly, et plus experte de la culture Norvégienne que n'importe quel Français. Cependant, elle est reniée des 2 car "Ce n'est pas aux Français de donner des leçons aux Norvégiens et... Ce n'est pas aux Norvégiens de donner des leçons aux Français".
Amis expats, voilà ce qui vous attend probablement ! Ce qu'on attend de nous, dans les cas heureux où le xénophobisme ne se fait pas sentir, c'est que l'on s'adapte, que l'on ne critique pas ouvertement le système national et l'ordre établi. En bref, que l'on ne moufte pas. Dans la grande majorité des cas, c'est d'ailleurs comme celà que ça se passe. Combien de millions de non-moufteurs, ayant passé parfois des dizaines d'années dans un pays qui n'est pas le leur, pour une Eva Joly, qui dit tout haut ce qu'elle pense, comme par exemple, et c'est son droit, qu'organiser un défilé militaire pour le 14 juillet est d'un autre temps, surtout pour une démocratie moderne. Repensant probablement aux processions pacifiques des orchestres des différentes écoles norvégiennes qui défilent dans les rues le jours de la fête nationale norvégienne du 17 mai. Bien sûr, elle a par là raté, en émettant ce genre de proposistion, une partie du poids sur les consciences qu'a encore et toujours notre patrimoine culturel, mais c'est malgré tout un point de vue différent, qui devrait donc être vu comme enrichissant, et non comme illégitime.   

Bernadotte, un autre "expat" passé dans la posterité !
Ce qui me fait d'ailleurs penser à un autre expat' majeur de l'histoire commune franco-scandinave : Jean-Baptiste Bernadotte, le grand maréchal d'Empire, ami fidèle de Napoléon, qui connu une ascension fulgurante et finit comme Karl XIV Johan, roi de Suède. Arrivé en Suède, pays qui lui était auparavant quasiment inconnu, il a pourtant tout mis en oeuvre pour garantir le bien du pays. La perspective avec laquelle il voyait les choses était, à l'instar d'Eva Joly, très différentes de son pays d'adoption. Pour lui, point de millénaire entier de conflit avec la Russie, point d'attachement particulier à la Finlande, dérobée par celle-ci quelques années plus tôt. Ainsi, et alors que les Suédois attendait de lui qu'il démarre une guerre de reconquête contre la Russie, le nouveau roi de Suède se fit grand ami du tsar de Russie, dont il s'assura le soutien pour conquêrir... la Norvège, tiens, la boucle est bouclée, et ce, après avoir déclaré une guerre symbolique à son allié de toujours Napoléon, pour défendre son pays d'adoption, la Suède, qu'il a su adopter aussi bien que celle-ci l'a adopté, au sein même de son Histoire.
En d'autres termes, ce genre de cas, encore très isolé me fait penser que nous tous, expats, sont autant d'autres Eva Jolys, de Bernadottes. Que s'adapter à son pays d'adoption est primordial, mais que nous aussi, nous avons notre notre mot à dire sur ce qu'il se passe autour de nous, parce que nous en sommes aussi les acteurs. Et que même, ce mot dit peut changer, améliorer les choses, qui sait ? En tout cas personne, si il n'est jamais exprimé...


Nicolas M